Le président de la République vient d’adresser des télégrammes aux
ambassadeurs en poste dans les pays africains, les informant de la
décision de l’Algérie d’annuler les dettes qu’elle détient sur quelques
Etats du continent noir.
Une source diplomatique nous a précisé que les montants concernés par
cette décision avoisinent les 3 milliards de dollars, selon nos
sources.Le Trésor public est sollicité ainsi à nouveau pour donner une
suite technique à cette décision politique pour le moins surprenante. Le
Trésor public procéderait, comme à l’accoutumée, à la transformation
des créances en question en vue de leur abandon en déclarant ces dettes
détenues sur les pays concernés définitivement insolvables. Cependant,
plusieurs maillons manquent à la chaîne reliant la décision à sa
concrétisation technique : absence de concertation sur les tenants et
les aboutissants d’un tel acte et défaut de débat au niveau de l’APN,
une institution censée représenter le peuple.
S’il est vrai que l’Etat a eu déjà, par le passé, à se livrer à de
telles pratiques, le secret demeure néanmoins entier sur le devenir de
certaines contreparties dont a bénéficié l’Algérie en échange d’une
opération d’abandon et/ou de transformation d’une dette. C’est le cas
d’une forêt héritée par l’Algérie au Mozambique suite à une action
d’effacement d’une dette détenue sur ce pays. L’Algérie, qui devait
exploiter cette forêt en échange de l’abandon des créances, n’a pas
estimé la mesure opportune et le mystère demeure entier sur cette forêt
mozambicaine. Quelquefois, des décisions d’effacement de dettes
s’accompagnent de concessions faites de bon gré au pays créanciers.
L’Algérie a bénéficié également par le passé, à titre d’exemple, d’un
permis d’exploitation dans le domaine de la pêche sur les côtes
mauritaniennes en échange de l’abandon d’une créance, mais n’a jamais
officiellement mis à exécution ce permis d’exploitation, du moins dans
ses rapports d’Etat à Etat. Mais il est tout de même difficile de
vérifier, auprès des diplomates auxquels nous nous sommes adressés, si
les concessions en question ont été exploitées par des privés au nom de
l’Etat algérien car il existe, par moment, dans ce genre de pratiques,
ce qu’on appelle dans le jargon diplomatique «les opérations
triangulaires» qui consistent à faire bénéficier plusieurs parties de
cet acte d’effacement de dette d’un pays par un autre Etat. C’est comme
lorsqu’on rembourse une dette par le moyen d’une marchandise
compensatoire. Les diplomates que nous avons interrogés se sont
contentés de nous révéler ces quelques ficelles. Il y en a certainement
d’autres.
Ali Titouche